Metz 2016

GROUPE 8 C HAMPIONNAT DE FRANCE DES CHIENS DE RACE JACQUES MÉDARD-MANGIN , JUGE DU 8 E GROUPE « J’AI APPRIS À MARCHER AVEC UN CHIEN » I N T E R V I EW D E J UG E

C’est effectivement vrai, puisque cet homme qui a consacré sa vie à la cynophilie est né dans une famille qui a toujours possédé des chiens. Son père, un industriel, avait des groe- nendaels qu’il utilisait pour garder ses ateliers et les chantiers sur lesquels son entreprise intervenait. A 18 ans, notre futur juge rentre à l’Ecole Estienne (spécialisée dans le livre et la communi- cation) ; il vit, déjà indépendant, dans un appartement parisien et acquiert son premier chien, un cocker, et cette race restera sa préférée toute sa vie ; même s’il viendra à la cynophilie grâce à une

autre race, le basset hound dont il croise un sujet un jour dans une rue de Paris. « Ça a été un coup de foudre », dit-il. le basset hound n’était pas encore connu ; la sérieTvde l’inspecteur Colombo n’a été créée que plus tard. Jacques décide donc d’acquérir un basset hound et il s’adresse à l’un des deux seuls éleveurs de l’époque en France, Anthony Burstal, un banquier d’origine anglaise qui lui cède une femelle blanche et orange âgée de six mois : Tsarine de Rocheneuve . Et le 24mai 1970, naît la première portée de neuf chiots, sous l’affixe De Primaugué. le nouvel éleveur se rend régulièrement en Angleterre, puis aux Etats-Unis afin de constituer son élevage qui produira plus d’une dizaine de Champions. Il affirme que « les élevages de grande qualité sont très souvent de petites écuries ». Il obtient son premier titre de Champion de France en 1976, dans le cadre du Salon de l’Agriculture. les éleveurs passionnés sont souvent attirés par d’autres races et parfois ils cèdent à la tentation.Au cours des années, Jacques Médard-Mangin « expérimente » plusieurs races, notamment le welsh terrier et le westie. l’autre éleveur auquel nous avons fait référence plus haut, Monsieur liot, préside le club de race qu’il a fondé en 1967 avec une américaine, Madame Telma-Perez, et qui compte dans ses rangs des célébrités comme l’artiste John Miller. « C’était un club de bourgeois, affirme-il, et Monsieur Liot avait compris qu’à 22 ans je pouvais être utile. Je me suis occupé pendant des années de l’organisation matérielle du club, comme le transport de cages, la Nationale d’Elevage, le bulletin ». En 1980, il devient le président de ce club, fonction qu’il occupera jusqu’en 2015. « Le club du basset hound a toujours été stable, nous confie son ex-président ; j’ai fait une religion d’un président qui présidait, un éleveur qui élevait, un juge qui jugeait. Je n’ai jamais mélangé les trois fonctions. Quand on ne se sert pas du club pour vendre ses propres chiots ou vendre ses étalons pour des saillies, on est respecté par les autres éleveurs. Je n’ai jamais jugé la Nationale d’Elevage de la race que je présidais. Juger, c’est choisir, même si c’est fait objectivement ». Il ajoute qu’il est membre du conseil de discipline de la Centrale Canine depuis plus de quinze ans, et il s’est rendu compte que l’instabilité dans certains clubs était souvent due à un mélange des genres : « Certains clubs relativement jeunes en sont à leur cinquième ou sixième président. L’intérêt financier crée des ambitions et des bagarres ». Jacques Médard-Mangin occupe la fonction de juge depuis 1979 ; il fait partie de la première session de formation de juges organisée à Maisons-Alfort, sous la présidence SCC de Monsieur Thorpe. Et très rapidement, il devient un des quatre juges all round, toutes races, en compagnie de Guy Mansencal, Jean Janicot et François Striby. Du beau monde, pour ceux qui ont connu cette période. C’est ce dernier, à l’époque vice-président de la SCC, qui aura suffisamment insisté pour que notre cyno- philie se dote de juges all round, fonction indispensable, beaucoup plus en France qu’ailleurs à cause de la confirmation. Jacques Médard-Mangin précise que « juger toutes les races demande de l’humilité, une remise en question perpétuelle, tra- vailler, travailler ! Au dernier Championnat à Metz, j’avais des chiens du 7 e groupe, des races confidentielles. Pendant un mois, j’ai travaillé sur ces races, j’ai pris des notes et Agnès me faisait répéter les standards ». Il reconnaît que la confirmation est une bonne école de formation, « elle fait travailler l’œil. Nous ne savons jamais ce qu’on va nous présenter et nous finissons par acquérir du métier ». Il est vrai qu’aucun cerveau ne peut mémoriser les subtilités des 400 races reconnues par la FCI, mais « un bon juge all round, même s’il n’est pas spécialiste, sort les meilleurs chiens, de par son expérience ».

/ CENTRALE CANINE MAGAZINE N°SPÉCIAL - CDF - 2016 144

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