Metz 2016

Av e c , p a r t e n a i r e d e l a C e n t r a l e C a n i n e

JEAN-JACQUES DUPAS , JUGE DU 10 E GROUPE UN « MANSENCAL BIS » I N T E R V I EW D E J UG E

Ce personnage haut en couleur a eu son premier chien en 1977, un lévrier afghan. Aquoi tient la destinée d’une vie : l’éleveur l’incite à présenter ce chien en exposition où il collecte d’abord un Bon, puis un 1 er Excellent avec un chien qu’il qualifie de moyen. Il décide d’en acquérir un second dans un élevage réputé où il doit patienter trois ans. Son attente est bien récompensée puisque Ringo Star du Lob Nor devient multi-Champion (sauf en France) ; il fut le premier afghan à partir aux Etats-Unis où il devint Champion. Dès 1978, Jean-Jacques Dupas aide Monsieur Messin qui organise les expositions de la Saint-Hubert du Nord et il entre au Comité de cette régionale aux côtés de la famille lestienne. Il acquiert ensuite un berger des Pyrénées, Viscose , qui devient Champion du Monde et qui sera utilisé comme étalon dans toute l’Europe. GuyMansencal, qui préside le Club des Chiens des Pyrénées, l’inscrit d’office à une formation de juge. Monsieur Mansencal, à présent à la retraite, sera son maître et son modèle. Il est ensuite nommé juge de races bergères et enfin de lévriers. « Je suis juge toutes races depuis sept ans et je regrette qu’il n’y en ait pas plus. Cela fait rireà l’étrangerquandondit qu’il yaunnumerus clausus enFrance ». Invitéà juger dans lemondeentier, il apprécieparticulièrement le Japon pour sa rigueur : « j’ai jugé un jour 175 caniches toys de qualité fabuleuse et c’était tellement bien organisé ! » Il refuse de juger à Crufts : « quand ils viennent juger chez nous on ne demande rien ; à l’inverse, nous devons remplir de multiples papiers. Invité à juger les caniches dont je présidais le club, j’ai rempli des formulaires et ils m’ont dit qu’ils me donneraient une réponse dans un mois. J’ai répondu que je ne venais pas ». Il a adoré un pays pour son accueil, l’Ouzbekistan, pays encore en stage auprès de la FCI. Il apprécie l’organisation des pays scandinaves, les Etats-Unis, même si les juges sont observés par un officiel du Kennel Club qui décide si l’on sera réinvité. lors d’une SpécialeAfghan, il voit pleurer un homme à qui il vient de donner le Meilleur de Race : « il était étonné que je le fasse gagner sans le connaître. Le lendemain il a fait Meilleur de Race à Westminster ». Pour lui, un bon juge doit avoir du courage, être honnête, respecter les standards, ne pas faire de copinage et être un artiste « qui sait apprécier le beau même dans la vie de tous les jours : un paysage, un coucher de soleil, un tableau, une belle nana ou un beau mec. Si on n’a pas cette qualité on ne peut apprécier un chien ». Jean-Jacques Dupas estime que le juge spécialiste d’une ou plusieurs races doit guider les éleveurs dans leurs choix futurs ; il participe indirectement à la sélection. Mais il avoue humblement qu’on ne peut pas être excellent dans toutes les races. « Lorsque j’ai jugé le 6 e Groupe à l’Européenne à Genève, j’étais dans mes petits souliers devant de très nombreuses races dans deux rings préparatoires complets. J’ai sorti un basset artésien normand qui a fini 3 e du Best In Show ». Il regrette qu’en France, ne pas donner un qualificatif Excellent soit mal perçu. Il respecte les exposants et il demande la même chose en retour. Il admet des comportements différents d’unGroupe à l’autre : « le2 e Groupe est plusmachoque le9 e , les exposants de chiens de chasse sont très relax, leur chien est bon à la chasse, c’est la vraie valeur. Dans les chiens de compagnie, beaucoup de personnes essaient de nous influencer en citant leurs résultats passés. Ma réponse est nette : vous vous taisez ou vous sortez du ring ». Comme président du Club des Caniches il s’est toujours battu pour que le standard soit respecté partout. On ne doit pas trans- former une race pour l’adapter à une mode ou à un travail. Selon lui, la qualité des chiens du 10 e Groupe a énormément baissé et au contraire certaines races des Groupes un, cinq, huit et neuf ont progressé ; même dans le 6 e Groupe certains chiens sont fabuleux, mais la présentation ne les avantage pas. Une autre originalité de Jean-Jacques est sa conception des expositions. Président de la Canine Régionale, il organise chaque année, avec son équipe, l’exposition de Douai : « on souhaite que le matin soit un instant sérieux lors des jugements. Et l’après-midi, c’est la fête. On alterne les jugements avec de petits spectacles. Dans un CACS, nous avions au moins huit cents personnes lors du Final ». Cela n’empêche pas un règlement très strict notamment lorsqu’il exige que tous les juges se rendent au ring de préparation avant d’officier sur le ring d’honneur. Cette Régionale fut la première à faire des expositions à horaires, à mettre les cages en option, puis à les supprimer ; les exposants peuvent arriver trois-quart d’heure avant d’être jugés et, s’ils perdent, ils peuvent s’en aller. le public de l’après-midi découvrira les races sur le ring d’honneur.

167 CENTRALE CANINE MAGAZINE N°SPÉCIAL - CDF - 2016 /

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