Metz 2016

Av e c

, p a r t e n a i r e d e l a C e n t r a l e C a n i n e

La juge du BIS Sylvie Desserne.

I N T E R V I EW D E J UG E

SYLVIE DESSERNE , JUGE DU BIS PARTOUT DANS LE MONDE

Notre juge du Best In Show, cette année, a eu son premier chien à l’âge de 17 ans, un fox terrier. Elle a passé son enfance en Algérie, entourée de chiens de chasse de son père, des pointers. Elle a également possédé un boxer ; mais sa carrière d’éle- veuse débute dans les années quatre-vingt par des shih tzu, ces chiens du Tibet. Elle obtient quelques succès, notamment deux titres de Champion de France et de Cham- pion International. le nom de ses deux enfants, virginie et Floriane, servent à créer l’appellation de son élevage De Vilfloriane . Cet affixe se fera connaître dans le monde international cynophile quand elle décide d’élever des King Charles spaniels. Elle produit un nombre impressionnant de Champions qui la situe, pendant une quin- zaine d’années, comme l’élevage de référence en Europe. Puis elle s’intéresse à la race voisine, le cavalier King Charles et presque tous les chiens qu’elle présente deviennent Champions. Elle décide ensuite de s’installer en Hollande où elle s’associe avec une éleveuse. Revenue en France, elle est nommée juge en 1993 et décide d’arrêter totalement l’élevage pour se consacrer à sa nouvelle fonction. Elle devient juge toutes races en 2010. C’est probablement un des deux ou trois juges français les plus invités à l’étranger. Elle a officié lors de plusieurs Mondiales, et elle fut le premier juge fran- çais invité à Crufts, en 2011 ; elle départagea en une journée 143 King Charles et 50 bolonais.

© Fre ́ de ́ ric Lhonore ́

« Les organisateurs apprécient les juges qui n’ont pas trop de retours négatifs », dit-elle. Elle ajoute qu’un juge doit être diplomate et surtout objectif, « en restant au-dessus de la mêlée ». Elle aussi, quand elle juge une race, relit systématiquement son standard, car un juge ne peut pas connaître parfaitement les centaines de races reconnues. Elle souligne que l’expérience est primordiale, même si elle n’hésite pas à s’informer auprès des éleveurs, à poser des questions, à toujours chercher à apprendre. « En France, dit-elle, c’est un problème de n’avoir pas de limite du nombre de jugements d’une race par la même per- sonne ». Elle suggère de limiter un juge à deux ou trois jugements par an dans la même race, notamment dans les CACIB. Mais ce vœu ne peut être exaucé que s’il y a un nombre suffisant de juges. C’est pourquoi elle conseille aux jeunes éle- veurs qui ont fait leurs preuves de se lancer dans la carrière de juge, et elle souhaite que cette fonction leur soit plus ouverte. Ses critères de jugement sont classiques : le chien doit rentrer dans les caractéristiques spécifiques de sa race, être bien construit et, pour gagner, avoir « le petit quelque chose en plus qui fait qu’on le remarque et qu’on oublie un petit défaut ». Pour elle, un bon exposant doit avoir une connaissance approfondie de sa race, être sportif et connaître les qualités et défauts du chien qu’il ou elle présente : « J’apprécie particulièrement quand je signale un défaut et que l’exposant me répond : Vous avez raison. Beaucoup ont une vision subjective de leur animal ». Sylvie avoue être plus tolérante avec les particuliers, même au niveau des qualificatifs, « mais chez un éleveur, je ne supporte pas la médiocrité ». Comme tous les juges, elle apprécie la sportivité, le sourire malgré la défaite et l’indulgence, car un juge n’a que quelques instants pour examiner un chien. Questionnée sur le déroulement d’un jugement, elle attend d’un(e) secrétaire de ring qu’il soit compétent, discret, rapide, qu’il ne donne pas son avis sur un chien, que son écriture soit lisible et si possible sans fautes d’orthographe. la qualité est synonyme de l’exigence, ou l’inverse.

31 CENTRALE CANINE MAGAZINE N°SPÉCIAL - CDF - 2016 /

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