Metz 2016

GROUPE 1 C HAMPIONNAT DE FRANCE DES CHIENS DE RACE JEAN-PAUL KÉRIHUEL , JUGE DU 1 ER GROUPE UNE BELLE ASCENSION Invité cette année à juger le premier groupe, Jean-Paul Kérihuel se souvient de son premier chien, un colley acheté alors qu’il avait 27 ans. « On avait la maison, les enfants, il ne manquait que le chien, que nous avons trouvé sur une annonce d’un journal que j’ai ressorti de la poubelle ! » Avec cette femelle, il pratique deux disciplines sportives, le Pistage et le Ring. le pedigree de cette chienne est confirmé par le jugeWeber qui considère qu’il est difficile de ne pas inscrire définitivement au lOF un chien de travail. « Mais lors de l’exposition de Nantes, lorsque j’ai vu les autres colleys, j’ai réalisé la différence avec ma chienne ». Un éleveur-agriculteur lui conseille d’aller enAngleterre s’il veut vraiment acquérir de beaux colleys. Avec son épouse, les voilà donc partis outre-Manche, chez Madame Shetfield, une des plus grandes éleveuses de la race. Dans cet élevage Dunsane , Madame Kérihuel fait une découverte : le Shetland, une race quasi-inconnue en France. Et le couple se lance dans l’élevage des deux races, possédant jusqu’à 20 Shetlands, notamment un jeune de 8 mois acheté en Angleterre qui remporte le CACIB et fait Meilleur de Race lors de la Mondiale à Berne en 1979. Sous l’affixe Du Ford de Cornouailles , la famille Kérihuel produit de nombreux champions. la passion du chien pousse Jean- Paul Kérihuel à participer aux séminaires de la Société Française de Cynotechnie, organisés par le Professeur Queinnec. « J’ai eu beaucoup de chance, dit-il, celle d’avoir le soutien d’Henri Lestienne qui présidait le Club des Shetlands, et qui était aussi président de la Société Centrale Canine et de la Fédération Cynologique Internationale ». Celui-ci propose à ce jeune éleveur de devenir juge, fonction qui était encore relativement facile à obtenir, à condition d’être parrainé. Il est nommé juge des colleys en 1979, puis des Shetlands. « A cette époque, on était très content de juger une ou deux races. On ne parlait pas de juge de groupe. Cela a duré des années avant que je décide de m’intéresser aux autres groupes et obtenir le Graal en 2009, la possibilité de juger toutes les races ». Il prend des responsabilités au service des clubs des races shar-peï, bobtail, Shetland et, depuis 19 ans, il préside le Colley Club qui prend en charge le berger américain miniature, une race en voie d’être reconnue. la fonction de juge « all-round » ouvre des perspectives uniques de voyage dans le monde entier. le week-end précédant le Championnat de Metz, Jean-Paul Kérihuel était invité à Minsk, capitale de la Biélorussie et ne savait pas du tout ce qu’il allait juger. C’est le lot de ces juges multi-races qui, très souvent, servent de bouche-trou : « J’ai commencé par une Nationale Lévriers et cela s’est bien passé. J’ai aussi jugé le Best In Show et j’ai choisi un cane corso, devant un berger allemand et un braque d’Auvergne, une jolie chienne présentée par une Biélorusse ». Ce juge tranquille n’a pas vraiment de difficultés, même s’il est plus à l’aise dans les races des groupes 1, 2, 4 et 8. Selon lui, un juge doit toujours être poli et rester calme « et ça, c’est difficile dans les petites expositions avec des exposants novices ; ils n’ont pas le papier de confirmation, ils ont laissé l’acte de naissance aux cages. Quand je sens que je suis en train de m’énerver, je me dis : tu as affaire à des débutants ». Jean-Paul Kérihuel admet aussi qu’il manque des juges spécialistes : « Dans le temps, un juge de beaucerons passait une jour- née sur la race, parfois il fallait deux juges. Et on était jugé par des éleveurs de la race. Aujourd’hui, par le système d’extension, on a beaucoup de juges de groupes. Et quand on n’a pas élevé une race ou pas été très proche d’une race, c’est plus difficile à apprécier. Mais le problème devient économique et il faut équilibrer le budget ; un organisateur ne peut pas inviter trop de spécialistes de races. Avant, nous avions des sponsors, les municipalités nous aidaient, on ne payait pas la location des halls ou très peu. Les halls étaient municipaux et les villes étaient contentes d’accueillir des centaines d’exposants qui faisaient travailler les commerces. Aujourd’hui, tout est privatisé ». I N T E R V I EW D E J UG E

la franchise et la spontanéité, voila deux grandes qualités de ce Monsieur.

/ CENTRALE CANINE MAGAZINE N°SPÉCIAL - CDF - 2016 52

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